CARNET DE ROUTE du 19 mai au 23 mai
CARNET DE ROUTE
ALATSINAINY 19 mai
Ce matin, premiers cours de Français au Lycée. Je suis reçue et présentée aux élèves avec tous les honneurs réservés aux « VAZAHA » (Européens / Blancs)
La sœur Olivette s’occupe de toutes les secondes, et Monsieur Blaise prend en charge toutes les premières. J’ai 18H. de cours, alors que les professeurs en ont 30 et enseignent 2 disciplines (Salaire moyen environ 50 Euros/mois).
Pas de sonnerie, mais le surveillant général sort dans la cour et agite une clochette !
Les élèves se mettent en rang spontanément, tous vêtus d’un uniforme, chemisette ou corsage bleu ciel pour le haut, pantalon ou jupe bleu marine pour le bas. Aucune fille n’est en pantalon.
Au début du cours et à la fin : prière récitée par un élève. J’ébauche un signe de croix pour ne choquer personne.
Autrement, pas de surveillants, pas de personnel de ménage, pas de restaurant scolaire. Les élèves assurent l’ensemble de l’entretien et les professeurs assument la discipline.
En période d’austérité, voilà de quoi donner des idées.
Tout se passe bien et les jeunes sont respectueux et disciplinés.
TALATA 20 MAI
Ce matin je n’ai pas cours, seulement l’après midi. Comme j’ai apporté multitude de fils à broder, du tissu, du canevas et des modèles de point de croix, je vais au cours de couture avec la sœur Rosa. Elle est très contente, mais ce qu’elle apprécie le plus ce sont les aiguilles à coudre que je lui donne.
Je remarque un peu plus tard que les aiguilles sont vendues au marché à l’unité. Je n’avais pas imaginé lui faire autant plaisir.
ALAROBIA 21 MAI
Juste une heure de cours ce matin de 8 à 9 H. L’avantage de se lever tôt c’est que j’ai droit au chant du coq. Il n’est pas montchavinois et ne chante pas pour les touristes celui là !
Et puis, comme la cuisine se fait dehors aux charbons de bois, j’ai en prime les bonnes odeurs d’un feu de bois. Avec la fraîcheur du matin, c’est fort agréable.
Vers 10 H. nous allons faire un tour au marché avec Marie Claude. En fait le marché, c’est tous les jours et toute la journée, comme dans beaucoup de pays d’Asie.
Et là une petite folie… pardon mon mari de dépenser ainsi l’argent du ménage… mais je n’ai pas résisté à l’achat d’un panier très « FUN » des années 60, tout en plastique tressé. Il m’a coûté pas loin (je n’ose pas l’avouer) de 80 cts d’Euro. Promis j’arrête les frais !
Plus sérieusement, le plastique est omniprésent. Signe de modernité ? Pratique à entretenir ? Recyclage du plastique : j’ai remarqué que les déchets que nous gardons sont brûlés dans le jardin et les restes de nourriture sont soit donnés aux voisins, soit mis de côté pour les animaux. Je n’ai pas encore osé poser la question ?
Il faut reconnaître que la maison d’Olga est confortable par rapport aux autres maisons du quartier. Quant au Lycée qui est à 3mm de la maison, il est neuf et agréable! Je ne sais plus si je l’ai dit, mais c’est une congrégation d’Ursulines en Italie qui a fait construire avec des maçons Italiens et des locaux.
Les maisons alentours sont en terre et les toits en chaume.
Les locaux de La Petite Ecole de l’Association appartiennent à l’Evêché de TSIROANOMANDIDY.
La santé, l’éducation … dépendent beaucoup de tous ces ordres religieux qui se substituent aux carences de l’Etat !
Vu d’un œil neutre, je reconnais que les Religieuses font beaucoup pour ces populations défavorisées qui vivent de petits boulots ou plutôt survivent difficilement.
Nous prenons facilement les pousse- pousses et faisons laver notre linge pour faire travailler les locaux.
En début de séjour, nous faisions avec Marie Claude, la vaisselle pour aider Olga, jusqu’à ce que nous comprenions qu’elle payait une dame pour le faire chaque jour. Il y a une grande solidarité entre ceux qui ont un peu plus et ceux qui n’ont rien.
ALAKAMISY 22 MAI
Aujourd’hui 6 heures de cours : classes de 2ème et classes de 1ère. Les élèves restent toujours aussi sympas et agréables. Comme la nuit tombe très tôt vers 17 H.30 et que le lycée n’est toujours pas raccordé à l’électricité, j’ai terminé avec un groupe de classe de 1ère dans le noir complet… Ne voyez aucun méchant jeu de mot ! Comme il n’était plus possible de faire de la lecture ou d’écrire, j’ai proposé de la conversation.
1ère question : Madame, est ce que vous êtes mariée ? Est-ce que vous avez une fille de 25 ans ?
(J’ai bien expliqué, ma chérie que tu avais déjà un mari et 2 enfants et pas de projet d’expatriation) !
Est-ce que vous aimez la musique et la danse ? Comme je répondais par l’affirmative, un grand m’a demandé s’il pouvait me faire voir une danse malgache ? pourquoi pas ? Il a donc fait un mouvement qui ressemblait à notre twist des années 60. Je lui ai fait voir que je connaissais, ébauchant juste un léger déhanchement… Et toute la classe est partie d’un éclat de rire et 25 jeunes malgaches en train de rire, je vous assure que ça fait du bruit. Bon, les portes étaient fermées, il faisait noir… j’ai rapidement calmé le jeu, imaginant ce que les profs à côté allaient penser… Ouf, sauvée par le gong : c’était l’heure de la prière qui a ramené aussitôt le calme et le silence.
Un petit groupe ensuite m’a demandé d’écrire mon prénom au tableau. Ils m’ont dit qu’il existait en malgache un mot qui s’écrivait « MIRAY », avec la même prononciation. Je leur ai dit que je le connaissais et qu’il signifiait « TOUS ENSEMBLE » Là, vraiment, ils étaient scotchés…,
J’ai été inspirée d’aller à la messe !
Le soir nous étions invitées chez Martine, une institutrice de l’Association qui a une petite fille Martina, dont c’était le premier anniversaire. Adorable petite puce aux grands yeux noirs et aussi brune que notre petite Lilou est blonde. Elle me regardait curieusement à mon arrivée, mais l’autre jour, elle m’a tendu les bras.
Nous étions donc « all the family très rapprochée » … pour l’occasion, c'est-à-dire une trentaine de personnes invitées à la fête. Innocent le mari d’Olga nous traduisait le discours du grand père de la petite Martina. Quelques chants aussi… et pour ne pas être en reste, nous avons sorti le répertoire de JOE DASSIN, entre autres : AUX CHAMPS ELYSEES et tous reprenaient en chœur. Superbe sens de la fête !
Et au milieu de tout ce vacarme, le bébé dormait dans l’unique lit de l’unique pièce ! Nous avions remis les cadeaux à notre arrivée et nous avons soufflé la bougie pour elle. Petite fille sans papa mais qui ne manque pas d’amour de tout l’entourage et qui respire la joie de vivre.
Nous étions tous assis sur des nattes. Un peu raides les VAZAHA, mais bon, on a tenu la soirée…
Le repas était excellent et préparé avec soin par la maman et ses amies. Quant on connaît les salaires malgaches et le prix de la nourriture, nous avons particulièrement apprécié ce moment de convivialité et de partage.
ZOMA le 23 mai
Ce matin, grande agitation. Au saut du lit, Marie Claude a trouvé un message lui disant que le conteneur, parti en mars de St Nazaire, arrivé depuis une semaine à TAMATAVE (le plus grand port de Madagascar) avait été acheminé dans la nuit à TANANARIVE.
Dans ces cas là, il faut récupérer très vite le chargement, sinon, il « s’évapore ».
J’avais cours au lycée à 8 H. et vue mes connaissances en malgache, je n’allais pas lui être d’un grand secours… Marie Claude est donc partie avec Olga pour récupérer le précieux chargement. Elles ne seront sans doute guère de retour, en taxi brousse, avant la nuit bien avancée.
Demain, je fais le marché… et je cuisine… C’est peut être de l’inconscience, mais tant pis, je me lance ! A bientôt.
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